Événements

Les nuits de la justice – Éthique, IA et justice

Les nuits de la justice est une série de conférences organisées par le Centre de recherche en droit public (CRDP) et le cégep du Vieux Montréal.

Au cours de cette prochaine édition de « Les nuits de la justice », nous réfléchirons aux apports, aux balises et aux enjeux éthiques que soulève l’intelligence artificielle (IA). Depuis quelques années, il est de plus en plus fréquent d’entendre parle d’IA. Mais qu’est-ce que c’est exactement? Quels sont les risques et les avantages qui y sont associés? Comment est-elle encadrée par la loi présentement et est-ce suffisant? Quels outils normatifs et axiologiques supplémentaires nous permettraient d’envisager le déploiement d’une IA responsable? Et enfin, plus près de nous, comment se posent les enjeux éthiques et critiques de l’IA en enseignement supérieur et quelles mesures le cégep du Vieux Montréal a-t-il déployées afin de les prévenir?

L’activité se veut un lieu de rassemblement interordre collégial-universitaire afin de susciter des discussions et des échanges sur ces questions. À terme, elle permettra aux participantes et aux participants de mieux saisir les rapports entre la justice et le développement d’une IA responsable.

Programmation

18 h : Mot de bienvenue et présentation des conférencières et des conférenciers

  • Nicolas Vermeys, directeur du CRDP
  • Mylène Boisclair, directrice générale du cégep du Vieux Montréal
  • Emmanuelle Marceau, professeure de philosophie au cégep du Vieux Montréal, organisatrice du cycle de conférences « Les nuits de la justice » et co-chercheuse au CRDP

18 h 10 : Tout remettre en question face au péril technologique?, avec Yoshua Bengio, fondateur et directeur scientifique de Mila

  • Les avancées de la science en intelligence artificielle doivent impérativement mener à une interrogation concernant l’organisation et l’avenir de notre société, son fonctionnement et ses normes sociales souvent codifiées dans des lois ou des accords internationaux. En effet, le développement rapide d’outils technologiques de plus en plus puissants fragilise de nombreux principes formant le socle de nos sociétés, telles que la démocratie, l’autonomie, l’équité ou la vie privée des individus. Plus un outil est puissant, plus il peut à la fois servir le bien individuel et collectif, mais aussi lui nuire, au bénéfice de quelques individus, quelques compagnies ou quelques pays et plus le danger augmente. Qu’il serve à augmenter les inégalités et à concentrer le pouvoir, à travers des systèmes de surveillance et même de contrôle de notre inconscient, par exemple.
  • Est-ce que notre système économique, légal et politique peut s’adapter à un monde où n’importe qui serait en mesure de faire des choix extrêmement destructeurs et de mettre en danger la stabilité et la sécurité dont nous avons joui depuis quelques décennies? Pouvons-nous évoluer suffisamment rapidement vers un monde assez sage et conscient de ses propres talons d’Achille psychologiques pour éviter l’autodestruction qui nous pend au nez en raison de nos instincts primaires et individualistes?

18 h 40 : Les cadres juridique et éthique applicables à l’IA au Québec, avec Nicolas Vermeys, directeur du CRDP

  • Si d’aucuns pouvaient prétendre que le développement de l’intelligence artificielle se fait de façon parfois incontrôlée, la commercialisation d’outils incorporant diverses formes d’IA demeure soumise à un cadre éthique et juridique bien établi. De la déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’IA, au Code civil du Québec et aux lois relatives à la protection des renseignements personnels en passant par le Code de la route, divers outils existent pour s’assurer que le recours à l’IA se fasse de façon conforme à nos valeurs.

19 h : JusticeBot : utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer l’accès à la justice, avec Hannes Westermann, candidat au doctorat à la Faculté de droit de l’UdeM

  • Les citoyennes et les citoyens font souvent face à des difficultés importantes pour résoudre leurs problèmes juridiques quotidiens, notamment en ce qui trait à la compréhension des règles de droit qui s’appliquent à leur situation. En outre, le règlement d’un différend relève généralement d’un processus coûteux, chronophage et qui peut entraîner beaucoup de frustration. Pour remédier à cette situation, nous avons développé le JusticeBot, un outil qui utilise l’intelligence artificielle pour aider les personnes non-juristes à comprendre leurs droits. L’outil pose à l’utilisatrice ou à l’utilisateur un certain nombre de questions quant à sa situation et lui fournit des informations sur ses droits potentiels, des résumés d’affaires similaires à la situation décrite et les voies possibles pour résoudre son problème. La première version du Justicebot, focalisée sur les litiges entre propriétaires et locataires, a été consultée par 15 000 utilisatrices et utilisateurs. Cet exposé portera sur la présentation de l’outil ainsi que la méthodologie utilisée pour le construire et des recherches que nous menons pour améliorer l’impact du JusticeBot.

19 h 15 : Recommandation de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, avec Michèle Stanton-Jean, chercheuse invitée, CRDP

  • En novembre 2021, les 193 États membres de l’UNESCO ont adopté la Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle (IA), le tout premier instrument normatif mondial sur le sujet. La constitution de L’UNESCO, adoptée à la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, vise à instaurer la paix par une coopération internationale basée non seulement sur des accords économiques et politiques entre les États membres, mais sur un dialogue entre les peuples reposant sur la compréhension mutuelle.
  • Cette recommandation souligne que l’UNESCO est bien consciente que l’IA peut rendre de grands services à l’humanité, mais qu’elle soulève également des préoccupations éthiques de fond. Cette intervention voudrait rappeler les grandes étapes de la production de cette recommandation et en expliciter les valeurs et les principes éthiques qui peuvent aider à élaborer et appliquer, sur la base d’une compréhension commune, des mesures politiques et des normes juridiques fondées sur les droits contribuant ainsi, non pas à freiner le développement de l’IA, mais à bâtir une équité mondiale dans la gestion des applications de l’IA.

19 h 35 : Quelques enjeux critiques et éthiques de l’IA en enseignement supérieur, avec Emmanuelle Marceau, professeure de philosophie au cégep du Vieux Montréal, organisatrice du cycle de conférences « Les nuits de la justice » et co-chercheuse au CRDP

  • Si l’IA suscite un intérêt certain en enseignement supérieur, la réflexion éthique et critique sur les enjeux qu’elle soulève dans ce contexte particulier est moins avancée dans le domaine de l’éducation. Cette présentation permettra d’entreprendre une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux, en les regroupant sous trois pôles : la conception, les données et l’usage. Nous identifions par ailleurs des pistes de solution pour remédier à ces enjeux, tout en gardant en tête que ces solutions suscitent elles-mêmes d’autres enjeux.

19 h 50 : Période de questions et d’échanges, animée par Sylvain Lafleur

20 h 10 : Pause

20 h 25 : Joute oratoire – Mes arguments en 180 secondes

  • Question pour la joute oratoire : Sur quelles bases envisager le développement responsable de l’intelligence artificielle?

20 h 45 : Période de questions et échanges, animés par Sylvain Lafleur

20 h 55 : Résultats de la joute oratoire

  • Décision du jury et nomination des récipiendaires de deux prix du public et d’une bourse CRDP.

21 h : Mot de remerciement

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